Comment encourager la mobilité douce auprès des utilisateurs en ville ?

La ville résiliente, La ville responsable
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Responsabilité & engagement citoyen

A l’échelle française, 60% des trajets de moins de 5km sont réalisés en voiture. Cette dépendance à l’automobile a de lourdes conséquences environnementales bien sûr, mais aussi économiques et sociales pour les utilisateurs avec l’augmentation constante et inévitable du prix du carburant. Pourtant, les habitudes peinent à changer.

Augmentation du prix du carburant

Un « mobility gap » entre attitudes et comportements

Les résultats de notre enquête sur un panel de 883 utilisateurs français, montrent qu’il existe un écart entre l’attitude favorable à une mobilité douce en ville et les intentions des utilisateurs à réellement changer leurs pratiques de mobilité.

La mobilité douce renvoie aux pratiques avec un moindre impact environnemental comprenant les mobilités partagées (transports en commun, covoiturage, autopartage), et les mobilités actives avec le vélo, les micromobilités ou la marche par exemple.

Comment expliquer cette inertie des utilisateurs dans leurs pratiques de mobilité ? De nombreuses études ont expliqué les causes objectives liées à l’aménagement urbain, l’équipement des ménages… Mais peu ont étudié le rôle de l’expérience dans le changement de pratiques de mobilité. 

Appréhender la mobilité urbaine sous le prime de l’expérience utilisateur

En marketing, deux approches de l’expérience peuvent être distinguées :

  • Rendre accessible : Une première approche, pragmatique, s’intéresse aux capacités qui permettent de faire facilement, de réduire les obstacles et donc favoriser l’accessibilité perçue par l’utilisateur pour pratiquer,
  • Rendre désirable : Une seconde approche, symbolique, renvoie à la valeur perçue par l’utilisateur, ou aux bénéfices et sacrifices perçus par l’utilisateur à pratiquer la mobilité douce.
  • Des entretiens pour confronter « experts » et utilisateurs

 

Pour mieux comprendre l’expérience de mobilité urbaine, nous avons interrogé :

  • 12 « experts », professionnels engagés dans la mise en œuvre de projets de ville intelligente
  • 10 utilisateurs, aux profils variés (genre, âge, catégorie socio-professionnelle) pour saisir une diversité d’expériences vécues.

 

De ces entretiens, les principaux enseignements à retenir :

  • Experts et utilisateurs s’accordent à dire que pour l’environnement, un changement vers la mobilité douce est essentiel pour réduire l’usage de la voiture au quotidien. Les bénéfices liés aux pratiques de mobilité douce, en comparaison à l’usage de la voiture, sont nombreux (environnement, sécurité, découverte de la ville…).
  • Les experts ont conscience du manque d’infrastructures pour accompagner ce changement. Cependant, les utilisateurs soulignent également l’inaccessibilité perçue selon la situation, leur condition physique, leur capacités et compétences numériques notamment pour utiliser les services intelligents de mobilité, leur sensibilité au coût, et la facilité globale perçue à réaliser ses activités quotidiennes avec les modes doux et sans la voiture.

Une enquête nationale auprès de 883 Français

Cette recherche vise à mieux comprendre les effets de l’accessibilité perçue et de la valeur perçue sur le changement de pratiques de mobilité des utilisateurs.

Pour mesurer les effets de l’accessibilité et la valeur perçue par les utilisateurs sur le changement de pratiques, nous avons mené une enquête auprès d’un panel de 883 utilisateurs vivant dans des zones urbaines d’au moins 100 000 habitants à travers toute la France.

Les principaux résultats :

Le rôle majeur de l’accessibilité relative comme facilité globale perçue par les utilisateurs

Les résultats montrent que, quelles que soient les routines de départ, la facilité globale perçue à réaliser des activités quotidiennes avec les modes doux, et sans l’usage de la voiture, explique fortement l’engagement à changer de pratiques de mobilité. Cela met en évidence le rôle majeur d’un point de référence chez les utilisateurs qui comparent l’accessibilité d’une pratique, par rapport à une autre.

La pratique du vélo : perçue comme économique mais inaccessible financièrement

La pratique du vélo est considérée comme plus économique que l’usage des transports en commun, mais comme financièrement inaccessible. 48% des utilisateurs possèdent un vélo. Pour les autres, l’acquisition d’un vélo représente un coût supplémentaire. Aujourd’hui, la plupart des aides et subventions à l’achat d’un vélo à assistance électrique sont favorables aux utilisateurs qui ont les moyens financiers d’avancer les frais (dans l’attente du remboursement prévu). Or, le VAE est plus efficace que le vélo mécanique pour remplacer un usage régulier de la voiture sur des trajets d’environ 5km.

 Campagne de promotion du vélo par la Métropole de Montpellier
Les utilisateurs multimodaux ont une expérience plus concrète des bénéfices et sacrifices liés aux pratiques de mobilité douce

Nos résultats montrent également que plus les utilisateurs ont des pratiques de mobilité diversifiées, avec une multimodalité sur la semaine, plus ils ont évaluation concrète des bénéfices et sacrifices associés aux pratiques de mobilité douce. Ainsi, les utilisateurs qui ont déjà une expérience du vélo le considèrent comme moins efficace que les transports en commun.

L’inefficacité de l’argument écologique dans les campagnes pour promouvoir les mobilités douces

Enfin, dernier résultat clé à retenir : la préoccupation pour l’environnement des utilisateurs, fait partie des leviers couramment utilisés par les politiques publiques pour changer les pratiques de mobilité. Pourtant, qu’ils soient préoccupés ou non par l’environnement, les résultats montrent que les utilisateurs ne sont pas prêts à changer de pratiques de mobilité pour des raisons écologiques. Cependant, leur sensibilité aux normes sociales a une influence sur leur engagement à changer de pratiques de mobilité. Le rôle des pairs (familles, collègues) et influenceurs méritent d’être davantage considéré pour aller vers une mobilité douce !

Application mobile Mobeelity App, agrégateur de mobilités qui permet de créer une communauté semi-fermée de collaborateurs d’une même entreprise pour les mettre au défi de réduire leur usage de la voiture et pratiquer davantage la mobilité douce.
 

Ces résultats sont issus de la thèse de Sara Laurent, soutenue le 18 mars dernier.

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