Comportements de mobilité : perceptions des mesures par les experts et les usagers de la ville.

La ville responsable
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74 % des personnes utilisent leur voiture pour se rendre à leur travail, 16 % prennent les transports en commun et 8 % ont recours aux modes de transport doux (6 % à la marche et 2 % au vélo)[1].

Ainsi, nous remarquons que les comportements de mobilité des usagers peinent à évoluer malgré l’urgence climatique et sanitaire des villes. Loin d’être anecdotique, les systèmes de mobilité conventionnels sont bien souvent pointés du doigt de par leur concours direct à la fragilisation de l’environnement ainsi qu’à la santé des concitoyens.

Face aux divers effets négatifs liés à la mobilité (pollution, encombrement, affectation des voies respiratoires, etc.), les décideurs publics ont en leur possession plusieurs modalités d’influence, notamment axer sur des pratiques plus douces (bus, tramway, vélos, etc.).Cependant, à l’heure où l’adoption d’écogestes semblent de plus en plus plébiscités (tri des déchets, réduction du gaspillage), nous constatons que la transition vers une mobilité plus respectueuse et conservatrice est freinée par un phénomène de résistance aussi bien individuel que collectif de la part des usagers de la ville, altérant de fait les mesures prises.

Les mesures d’influences, les comportements de mobilité et l’écoresponsabilité

Réduire la place de la voiture individuelle et favoriser les pratiques de mobilité douce constituent deux enjeux majeurs que tentent de relever les décideurs publics.

À ce titre, nous pouvons relater quatre principaux moyens d’actions permettant d’influencer le recours à des modes de mobilité plus doux :

1- Améliorer les alternatives déjà connues.   

2- Inciter à d’autres alternatives plus enviables pour la planète et pour l’humain.

3- Informer les concitoyens pour leur donner toutes les clefs permettant de rationaliser leur choix de mobilité.

4- Agir de manière plus directe sur les politiques d’urbanisme et de stationnement.

L’ensemble de ces mesures incitatives viennent si ce n’est remplacer, compléter les méthodes traditionnelles plus coercitives. L’illustre mesure d’influence par la contrainte étant rythmée par des incitations économiques (taxes, amendes, péage), notamment pour décourager les usagers à prendre leur véhicule personnel pour effectuer des trajets courts.

Ces incitations venant contraindre les comportements peuvent toutefois être mal perçues par les individus et là où certaines personnes soulignent les bienfaits de telles mesures, d’autres y voient au contraire une menace dans leur liberté. C’est à cette occasion que de nombreuses revendications sociales ont émergé en France, notamment à l’annonce de l’augmentation de la Taxe Carbone en 2018, qui a affectée nombre de Français déjà contraints par le prix de l’essence.

Ajouter de nouvelles mesures coercitives à grande échelle semble alors inapproprié, car cela reviendrait à pénaliser davantage les concitoyens dépendants de leur voiture à des fins professionnelles et personnelles. Il convient alors d’axer la dynamique de mobilité vers des pratiques plus respectueuses à la fois de l’environnement, mais aussi et surtout des moyens financiers et matériels de chacun.
Cependant, malgré la pertinence de modes d’influences plus incitatifs que contraignants, le constat est là : les comportements évoluent trop lentement par rapport à l’urgence climatique.
Sortir de sa routine demande un effort et même s’il y a une prise de conscience grandissante envers les enjeux environnementaux, la place de la mobilité plus douce est encore marginale.

Mais alors comment inciter les usagers à changer de mobilité ?

Face aux divers constats relevés, s’est dessiné une voie de recherche visant à traduire de quelle manière les différentes modalités d’influence sont-elles utilisées pour inciter au changement de mobilité ? Et comment ces modalités d’influence sont-elles perçues par les usagers ?

Afin d’appuyer ces interrogations, deux études qualitatives ont été menées. L’une s’est appuyée sur douze entretiens d’experts engagés dans des projets de ville intelligente, l’autre visée à interroger dix usagers de la ville pour comprendre leur rapport avec la mobilité.

 

Cet ancrage méthodologique a permis de mettre en lumière le fait qu’une des solutions réside dans la communication d’informations, usant ou non du registre persuasif, pour influencer les comportements des individus. Être bien informé sur les alternatives disponibles au sein d’une ville (tramway, vélos et trottinettes partagées), c’est déjà offrir un cadre de choix éclairé.

Également, la sensibilisation dès le plus jeune âge dans le cadre éducatif semble avoir un rôle à jouer, notamment parce qu’elle ancre l’idée d’avoir une responsabilité individuelle face à transition écologique.

Aussi et pas des moindres, la flexibilisation des horaires de travail reste à questionner dans le cadre de la mobilité. En effet, le recours au télétravail permet de réduire les effets de congestion et par voie de conséquence la pollution atmosphérique.

Malgré l’ensemble de ces leviers d’action, les résultats de l’étude suggèrent que les Français privilégient en premier lieu leur confort et la transition vers une mobilité douce ne pourra se faire en dépit de leur propre intérêt personnel.

 

De ce fait une nouvelle structure du choix s’impose. En cela, la théorie du Nudge visant à dresser des mesures d’incitations douces et positives en influençant directement le comportement s’avère être une méthode clé vers le management de la mobilité de demain.

 

 

[1] https://www.insee.fr/fr/statistiques/5013868 Chiffres de 2017 paru le 19/01/21. 

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